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« Wild God », « En songe. Solovoice 1 », « Luck and Strange »… Nos choix d’albums

LA LISTE DE LA MATINALE
Cette semaine, nous vous proposons six disques et un coffret appréciés et chroniqués par les critiques de la rubrique musique du Monde, et commercialisés fin août et durant le mois de septembre. Par ordre chronologique de sortie : le dix-huitième disque de l’Australien Nick Cave ; un récital a cappella de la soprano Anne Warthmann ; les neuf compositions du nouveau disque du guitariste David Gilmour (Pink Floyd) ; le 50e anniversaire de la commercialisation d’Apostrophe (’) de Frank Zappa ; le deuxième album du rappeur Gringe ; la nouvelle ballade poétique du quintette angevin Lo’Jo ; le superbe recueil de la saxophoniste et compositrice britannique Nubya Garcia.

A l’heure où sort son dix-huitième album, le prédicateur rock Nick Cave, 66 ans, suscite l’admiration pour sa résilience exceptionnelle. Les drames familiaux ne l’ont pourtant pas épargné au cours de ces dernières années, après le décès successif de sa mère et de deux de ses fils. Avec Wild God, l’Australien livre dix titres amples et grandioses, majoritairement dominés par des arrangements de cordes. Le choix porté sur le producteur Dave Fridmann, orfèvre dans le domaine des orchestrations luxuriantes (Mercury Rev, Flaming Lips), n’est pas le fruit du hasard. Le résultat s’entend dès la première piste, Song of the Lake, puis sur Joy et Wild God, cette dernière emportée par un tourbillon de chœurs façon Ennio Morricone. Les ballades plus intimistes Final Rescue Attempt et Conversion s’inscrivent quant à elles dans le prolongement des albums Skeleton Tree ou Ghosteen.
Et même si quelques fantômes rôdent toujours sur O Wow O Wow (How Wonderful She Is), un hommage touchant à Anita Lane (1960-2021), ancienne compagne et muse des années 1970 et 1980, la musique se veut délibérément légère, apaisée. Avec ce disque de transition réussi, le crooner gothique confirme qu’il est l’un des rares musiciens de sa génération à proposer un répertoire renouvelé et pertinent. Fr. C.
PIAS (sortie le 30 août).

Dix-neuf pièces (la plupart d’une durée de deux à trois minutes), une quinzaine de compositeurs (dont assez peu de noms connus), un récital entièrement a cappella… le pari d’Anne Warthmann était risqué. Il est gagné, « haut la voix ». Dépourvue de support instrumental (à l’exception de quelques accessoires tels que la kalimba, qui joue les guide-chants exotiques dans Mélismes, de Graciane Finzi), la voix n’est pas pour autant suspendue dans le vide ou condamnée à flotter dans l’espace. Elle constitue une vaste planète où prospèrent de multiples espèces musicales. A tendance incantatoire (Descendues des étoiles, d’Eric Tanguy) ou introspective (Only, de Morton Feldman). A l’aise dans tous les registres, Anne Warthmann sert aussi bien la pure poésie (le très suggestif De nuit deux chants, de Betsy Jolas) que le théâtre musical (l’Alphabet, de Jean-Christophe Rosaz). C’est toutefois avec Thierry Pécou qu’elle paraît avoir le plus d’affinités. Les monologues (En songe, Eurydice, Tess lament) virent alors merveilleusement à la folie douce et au délire créatif. P. Gi
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